ENTRE FEODALITE ET REPUBLIQUE : L'AFRIQUE A LA CROISEE DES CHEMINS
DESINTEGRATION,
INTEGRATION - DECONSTRUCTION, RECONSTRUCTION
PLUS
DE CENT ANS APRES LA COLONISATION,
SOIXANTE
ANNEES APRES LES INDEPENDANCES,
QUEL
MODELE DE SOCIETE POUR L'AFRIQUE AU SUD DU SAHARA ?
Cela
fait des décennies que les pays africains sont devenus indépendants.
Des décennies qu'ils s'auto-gèrent, qu'ils élisent des filles et
fils Africains à leur tête. Des décennies qu'ils nomment des
gouvernements composés de fils et filles d'Afrique.
Bref,
des décennies d'auto-détermination ; dirions-nous. Pourtant,
le continent africain demeure toujours déstructuré. D'abord, à
l'intérieur d'un même pays, les conflits connaissent une
recrudescence. Ensuite, entre pays voisins, la méfiance et la
suspicion n'ont jamais connu une si grande ampleur, elles sont à
leur paroxysme. Tout ceci est déstabilisant pour le citoyen qui
n'arrive plus à retrouver ses repères. Ce, d'autant plus que
l'éternel bouc émissaire, c'est-à-dire l'esclavagiste, celui-là
qui est donné pour être le plus grand diviseur commun de l'Afrique,
qu'il a mélangée et déconstruite est parti d'Afrique depuis le
milieu du 19ème siècle. Et, même si le soupçon de sa présence
sur le continent est quasi obsessionnel, et qu'il lui est attribué
sans cesse la responsabilité de tirer les ficelles dans l'ombre, de
manigancer contre l'Afrique, l'esclavagiste est bel et bien parti
d'Afrique. Il n'est pas là. C'est l'Africain lui-même qui est aux
affaires en Afrique.
Quant
au colonisateur qu'on a toujours pensé être à la base des maux de
l'Afrique, depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, il a
accordé l'indépendance à l'Afrique, cela veut dire qu'il n'est
plus aux affaires en Afrique, même comme la paranoïa ambiante a
tendance à voir son ombre partout sur le continent. C'est une
réalité indéniable. Une vérité intangible. Le colon n'est plus
là, il est retourné chez lui. Du coup, devant une telle réalité
qui saute aux yeux, en Afrique, certains esprits comme par exemple
celui de l'UPACEB commencent à devenir interrogateurs :
pourquoi l'Afrique est encore désordonnée, pourquoi elle est
encore en conflits, malgré l'absence du « génie saboteur et
torpilleur de l'Afrique» ; « l'empêcheur de tourner en
rond » en Afrique ? Autrement dit, sans le bouc émissaire
éternel qu'est tantôt l'esclavagiste, tantôt le colon, - qui
d'ailleurs ne sont plus en Afrique, va-t-on nous trouver enfin les
vraies coupables de nos calamités ; c'est-à-dire nous
donner pour finir ; des raisons rationnelles de notre
sous-développement ? Ce n'est pas sûr.
En
effet, le progrès n'est possible que pour celui qui accepte
l'autocritique, ce que les Africains n'acceptent pas de faire. En
outre, pour aller de l'avant, il est nécessaire de faire le bilan du
passé, ce qui ne fait pas partie de nos talents d'Africains. Par
ailleurs, avant d'opérer des choix, il faut d'abord connaître ses
priorités, or, l'Afrique n'a jamais montré de priorités, ses
priorités, elles les ignore. Enfin, avant de faire le vide de son
patrimoine, il faut identifier ses trésors, c'est trop demander à
l'Afrique qui a du mal à distinguer son trésor de son embouchure.
De ce fait, le désordre qui règne sur notre continent est
pleinement justifié. Sur ce continent, on n'a jamais pris le temps
d'une réflexion. Tout se fait à brûle-pourpoint. Jamais les
compétences pluridisciplinaires du continent n'ont été mises à
contribution. Jamais, elles n'ont pris d'initiatives elles-mêmes, en
organisant des assises pour réfléchir, faire des propositions
concrètes aux gouvernements nationaux, ni à l'Organisation
Continentale. Ainsi, sans le FMI, la Banque Mondiale, l'ONU, l'Union
Européenne...etc., le continent africain n'a pas de politique
générale de développement car personne n'y songe. En Afrique, on
vit au jour le jour. Comme au campement. Aucune politique de
prévention des fléaux n'est faite. Ni même celles concernant les
conflits. On subit donc tous les sorts, d'où qu'ils viennent. En
effet, en Afrique au Sud du Sahara, il faut que les périls
adviennent, avant que l'on songe aux moyens de les éradiquer. Il n'y
pas d'anticipation sur les événements. Les politiques de réductions
des risques n'intéressent personne sur le continent. Par exemple, il
faut que le feu se déclenche pour que l'on cherche à l'éteindre.
Jamais, on ne fera rien pour empêcher le feu de se déclencher. Dans
ce contexte, faut-il s'étonner de la résurgence des conflits et des
catastrophes humanitaires ? Aucunement. Tout s'y prête. On vit
sur le continent comme on vit à l'âge de pierre : chacun dans
village ou dans son groupe ethnique. La vision globale du monde qui
mène à des actions de grande ampleur nous échappe. Pour chaque
Africain, le monde s'arrête au niveau de son village, de sa tribu,
de son groupe ethnique, de sa synagogue, de son église, de sa
mosquée. Son pays et son continent son secondaires. Au 21ème
siècle, dans un monde globalisé, en Afrique, nous avons encore des
réflexes de repli identitaire qui alimentent la dislocation sociale
et augmentent la désintégration nationale et continentale. A ce
stade de notre réflexion, la question tombe comme un couperet :
quel modèle de société pour l'Afrique du 21ème siècle ? La
Féodalité ; ou la République ? Cette question nous
renvoie dans les années 1960, date des indépendances de nos pays :
au lendemain des indépendances, pour quel modèle de société les
pays africains ont-ils opté ? Pour la Féodalité ou pour la
République ? Vue la situation qui prévaut dans nos pays
respectifs et sur notre continent, seul le choix de la Féodalité
peut expliquer véritablement l'état de déliquescence actuel de nos
États, et de notre continent ; tandis qu'un choix éventuel de
la République l'expliquerait difficilement. Autrement dit, si les
pays africains avaient pris fait et cause pour la République, telle
que le colonisateur l'a institué, le démocratie ne serait pas un
leurre pour l'Afrique aujourd'hui, et il n'y aurait pas une telle
carence en matière de droits de l'Homme sur le continent. Dans la
même perspective, si les pays africains devenus indépendants
avaient opté franchement pour la République, l'Afrique n'aurait pas
connu un tel morcellement territorial à l'origine de la faillite des
États et de la désintégration, morcellement qui rappelle
tristement le système féodal. En clair, si les pays africains
avaient choisi la République, l'on aurait des États forts, avec des
institutions fortes et crédibles, plutôt que des hommes forts à la
tête d’États faillis. Apparemment donc, officiellement, les pays
africains ont choisi la République à l'occasion de leurs
indépendances. Mais, dans les faits, prévaut la Féodalité, d'où,
la désintégration des pays et du continent. Et si tel est le cas,
c'est bien parce qu'au lendemain de leurs indépendances, les pays
Africains ne se sont pas concentrés sur l'essentiel qui est la
construction de leur destinée commune (I) et ils ont manqué de
vision politique à cause de leur dépaysement né du passage des
sociétés microéconomiques à des sociétés macroéconomiques
(II).
- UNE DECONSTRUCTION NATIONALE ET CONTINENTALE IMPUTABLE A UN MANQUE DE CONCENTRATION SUR L'ESSENTIEL
Depuis
les indépendances, les pays africains sont dissipés (A), se
préoccupant peu de bâtir l'unité culturelle au niveau national et
continental et privilégiant le développement économique (B)
A)
Des pays africains dissipés et détournés de l'essentiel : la
construction de leur destinée commune
Normalement,
après une série d'épreuves, chacun a besoin de marquer une pause,
pour tirer les leçons du passé, entamer une amorcer au retour à la
vie sociale de façon progressive, en procédant par petits pas, par
petites touches avant d'en arriver aux actions robustes. Ainsi en
est-il d'un patient
qui
vient de traverser une longue maladie. En convalescence, il ne
consomme pas des mets copieux et lourds. Au contraire, il a besoin
d'abord d'eau pour se réhydrater, puis de repas légers comme par
exemple de la soupe, pour se nourrir, pendant quelques temps, avant
d'en arriver à des plats plus lourds. Tel aurait dû être
l'attitude des pays africains au sortir de l'esclavage, puis de la
colonisation. Ils avaient le devoir de procéder étape par étape,
en posant des fondements de consolidation sociale. En l'espèce, la
priorité devait être accordée à l'éducation des populations. A
ce sujet, la politique de coopération mise en place dans les
anciennes colonies françaises était la plus appropriée. Cette
politique de coopération consistait à transférer les compétences
intellectuelles des pays du nord, vers les pays du sud pour booster
l'éducation dans les anciennes colonies. On peut l'affirmer sans
ambages, la politique de coopération était sans nul doute, la
meilleure politique, jusqu'ici, entreprise par les pays africains. En
effet, après les indépendances, les pays africains n'avaient que
trois politiques à privilégier et en ordre :
- primo, l’Éducation,
- secundo, la Santé,
- tertio, le développement des routes.
Et
c'était très suffisant pour un nouveau départ.
- L’Éducation pour une cohésion sociale et une fortification des population.
- La Santé pour réduire les fragilités, les vulnérabilités, promouvoir l'hygiène, protéger les populations.
- Les Routes pour relier tous les peuples à un niveau national et à un niveau continental.En effet, en langue française, l'autre nom de la « Route », c'est « la voie de communication ». Cela veut dire beaucoup de choses ; car communiquer, c'est finir par se connaître, s'entendre, collaborer, s'unir, et finalement éviter des conflits ! Le développement des routes dans les pays africains et sur le continent africain aurait facilité les contacts humains entre divers peuples, et en l'espèce, beaucoup de conflits interethniques auraient été réduits en Afrique, en ce début du 21ème siècle.
Mais,
plutôt que de procéder pas à pas, après l'esclavage puis la
colonisation qui l'ont secouée, l'Afrique a fait tout le contraire
en entamant une véritable course effrénée derrière l’Économie.
Toutes les politiques qui ont le plus séduit l'Afrique et ses pays
étaient les politiques économiques, plus précisément le
développement des «éléphants blancs». L'Afrique a ainsi choisi
d'investir dans la pierre, plutôt que dans l'éducation, la santé,
et les routes.
Par
conséquent, depuis les indépendance, le développement des pays
africains est toujours rattaché à l'économie, de sorte que l'on
pense que seul le développement économique enverra le développement
et la paix sur le continent. Toutes les politiques nationales en
Afrique sont économiques. Jamais de politiques culturelles. Même en
matière de politique internationale, seule l'économie est au
centre. Ainsi, l'Afrique a bénéficié de la Dette, des Plans
d'Ajustement Structurels (PAS) consistant à démanteler tout le
service public, surtout en matière d'éducation et de santé,
c'est-à-dire, tout ce qui allait contribuer à renforcer la cohésion
sociale et les institutions politiques.
Depuis,
la Dette et les PAS sont passés. Place maintenant à la
Mondialisation. Toujours autour de l'économie et des finances.
Bref,
après les indépendances, toutes les politiques du continent
africain tournent autour de l'économie. Au plan international, à
part les politiques de coopération qui ont privilégié le transfert
de compétences des pays du nord vers les pays du sud pour promouvoir
l'éducation, ce qui a eu un impact social et culturel qualitatif,
pour le reste, l'Afrique n'a que privilégié les politiques
économiques. Et voilà comment l'unité culturelle des pays et celle
du continent n'ont pas été au cœur de leurs préoccupation.
B)
Une unité culturelle écartée des préoccupations nationales et
continentales au profit du développement économique
Entre
intégration économique et intégration culturelle, l'Afrique était
à la croisée des chemins, elle devait suivre son rythme, en
commençant par le développement culturel qui allait l'unifier.
Au
plan national comme au plan continental, la culture n'a pas été
considérée comme un déterminant du développement économique et
humain. Et voilà comment le continent compte encore de nombreux
analphabètes. Aucune politique d'unification des peuples par la
culture n'a été entreprise. Il résulte que les discordes sont en
nette augmentation entre tribus, entre ethnies, entre
religions...etc. Au plan continentale, il y a eu l'OUA, et maintenant
l'UA. Mais, ces organisations n'ont pas initié de réelles
réflexions scientifiques autour des questions d'intégration par la
culture et par les civilisations au lendemain des indépendances.C'est
un choix politique délibéré qui ne peut être nullement imputé au
colonisateur. En effet, voici ce que dit le Préambule de la
Constitution Française de 1946 en son article 17 : «L'Union
française est composée de nations et de peuples qui mettent en
commun ou coordonnent leurs ressources et leurs efforts pour
développer leurs civilisations respectives, accroître leur
bien-être et assurer leur sécurité.»
Les
pays africains, du moins les anciennes colonies françaises étaient
donc libres de développer leurs cultures et leurs civilisations,
conditions sine qua non de leur intégration nationale
et continentale, aussi bien avant, qu'après leurs indépendances. Au
contraire, en lieu et place du rapprochement entre les pays, chaque
État a gardé sa souveraineté et toutes les politiques mises en
œuvre jusqu'aujourd'hui, visent à rigidifier les frontières pour
que le chef d’État africain soit « prince en son royaume »
avec des pouvoirs exclusifs concentrés dans ses mains à la manière
du seigneur féodal qui régnait sans partage. Pour finir, la
déconstruction du continent s'est aggravée aujourd'hui parce que
les pays et par-delà le continent n'ont jamais eu de vision
politique. Et voilà comment l'essentiel de ce qui pouvait forger
pour les Africains, une destinée commune a été éludée. En effet,
sans éducation, comment les Africains allaient apprendre à
cohabiter sans se combattre, et s'accepter comme tels, en se
regardant comme des amis, des frères ? En un mot comme en
mille, au sortir de la colonisation, l'Afrique n'avait qu'un devoir :
celui d'enseigner à ses filles et filles, le sentiment
d'appartenance à une même communauté nationale et et une même
communauté continentale, contrainte de vivre ensemble.Pour avoir
failli à ce devoir et pour avoir été distraite par les politiques
économiques, l'Afrique se paie des guerres sordides et complètement
insensées au 21ème siècle, où, les batailles de chiffonniers
paraissent archaïques et rétrogrades. Au sortir de la colonisation,
l'Afrique a péché par manque de vision politique c'est le cas de le
dire. Mais surtout, les Africains n'ont pas pu s'adapter politiques
applicables aux sociétés de masse.
- UN DEPHASAGE NE DU PASSAGE DES SOCIETES MICROENOMIQUES AUX SOCIETES MACROECONOMIQUES
Au
sortir de la colonisation, l'Afrique a fait preuve de manque vision
politique par la tentative du rejet abrupt du projet colonial car
elle n'a pas compris la dimension du concept de l’État-nation (A)
et elle s'est laissée piégée par la perversion politicienne de la
vraie histoire des indépendances africaines (B)
A)
Un manque de vision politique généré par la tentative de rejet
abrupt du projet colonial et la méconnaissance du concept de
l’État-nation
Au
sortir de la colonisation, l'Afrique ne s'est pas fixé d'objectifs
majeurs de cohésion sociale de ses peuples à atteindre, ni à un
niveau national, ni à un niveau continental.
Pour
étayer notre propos, nous allons procéder par étapes, en donnant
des exemples pratiques. D'abord la Démocratie, l'Afrique la
connaissait sous l'arbre à palabres, au niveau local, dans les
villages et tribus, c'est-à-dire à petite échelle. C'est la
colonisation qui l'a promue à grande échelle, à un niveau
national, voire continental et l'a importé en Afrique, dans son
projet colonial. Écarter ce projet colonial en bloc, c'était courir
le risque de la rupture démocratique à grande échelle, et retomber
dans la féodalité. Le piège était là, l'Afrique l'a mordu.
Ensuite,
l'Afrique connaissait la notion de République, c'est-à-dire la
notion de chose publique, avant la colonisation, dans ses campements
et villages où, le bien public ne se confondait pas avec le bien
privé. Là aussi, c'était à un niveau microéconomique vu que tout
se passait à un niveau villageois et tribal. Mais à l'échelle
macroéconomique, c'est-à-dire à un niveau national, voire
continental, c'est le projet colonial qui l'a introduite en Afrique
moderne. Rejeter le projet colonial, c'était rejeter la République
pour retourner dans la Féodalité. Le piège était là, l'Afrique y
est rentrée. Et puis, les droits de l'Homme. En grande partie, les
Africains connaissaient bien ce concept, même partiellement. Ils les
vivaient, les vivent encore à l'échelle locale, entre personnes de
même tribu et de même religion. Mais, c'étaient des droits en
général réservés aux seuls membres du groupe, jamais étendus aux
étrangers d'où, ils sont des privilèges, et non des droits. Le
projet colonial est venu les étendre à grande échelle, à un
niveau national, puis continental pour leur donner une ampleur
universelle. Tourner le dos au projet colonial, c'est absolument
abandonner les droits de l'homme pour nos privilèges. Le filet était
tendu à l'Afrique. Elle y a été prise.
En
outre, le code électoral. L'Afrique traditionnel avait des modes
désignations de ses chefs et de ses missionnés. Mais là aussi,
c'était à un niveau réduit, à l'échelon local. Avec le projet
colonial, une dimension universelle permettait à l'Afrique d'étendre
ses modes de désignations des représentants du peuple à l'échelle
nationale, continentale, voire mondiale. Rejeter le projet colonial
signifiait un retour en arrière, dans les sociétés
traditionnelles. L'appât était tendu à l'Afrique. Elle y a mordu.
Enfin,
si on veut voir de près, le problème de l'Afrique réside
essentiellement dans son inadaptation psycho-culturelle aux sociétés
de masse. En effet, l'Afrique connaissait la famille, le clan, le
campement, le village et la tribu. Le projet colonial lui a fait
découvrir la société de masse. Refuser le projet colonial, c'était
le retour au village, à la campagne, à la tribu, et plus tard, à
la synagogue, à l'église, à la mosquée, bref, dans son petit
coin. Le piège était là. L'Afrique y est tombée.
La
liste des pièges dressées sur le chemin de l'Afrique au sortir de
la colonisation est longue.
Au
fond, un manque de vision politique au lendemain des indépendances a
empêché l'Afrique de se projeter dans le futur comme continent
devant compter parmi les autres grandes nations. Il était plus
confortable pour l'Afrique de renouer avec son passé féodal, que
d'envisager un renouveau culturel fondé sur ses propres principes
bien, et sur les principes bien du projet colonial.
En
effet, le projet colonial abolissait les privilèges et prescrivait
les seuls droits de l'homme. Cela n'était pas du goût des princes
locaux. Ce sont eux qui ont torpillé le projet colonial sous le
couvert d'un souverainisme débridé, pour préserver leurs acquis.
Il résulte qu'aujourd'hui, en Afrique, une grande confusion règne
autour de la mise en œuvre des droits et libertés fondamentaux qui
consacre toute démocratie vraie. Du coup, en Afrique, lorsqu'on
parle de droits de l'Homme et de Démocratie, chacun pense que cela
ne concerne que le président de la République, le chef de l’État
et son gouvernement. Le citoyen africain lambda ne pense pas être un
acteur de la Démocratie et des droits de l'Homme. Par exemple, on
trouve en Afrique, des hommes qui au nom de la primogéniture, ont
hérité tous les biens fonciers et immobiliers de leur père défunt,
expropriant de facto le reste de la fratrie. Ce type de spoliateurs,
en droit positif, on les considère comme coupable de manquements
graves au droit de priorité, un droit humain fondamental. Mais en
Afrique, rien ne leur est reproché, au contraire, on pense qu'ils
sont dans le droit. Ces mêmes individus s'engageront en politique,
dans l'opposition, attaqueront le chef de l’État et le
gouvernement de bafouer les droits de l'Homme ! Alors qu'en
matière de droits de l'Homme, eux qui ont exproprié leurs frères
et sœurs ne sont pas un exemple de probité ! Le même
phénomène s'observe chez des hommes qui après plusieurs années de
mariage, répudient leur épouse sans lui laisser le moindre sou, le
moindre bien ! De tels époux ayant manqué aux droits les plus
fondamentaux de l'homme, ce sont eux qu'on verra en train de crier au
chef de l’État qui ne respecte pas les droits de l'Homme !
Dans
les villages, plusieurs citoyens se permettent de lyncher et torturer
à mort d'autres citoyens sous prétexte que ces derniers sont des
sorciers. Curieusement, ce sont ces tortionnaires qu'on retrouvera
dans les Partis Politiques d'opposition en train de rapprocher au
Chef de l’État et au gouvernement des manquements des droits de
l'Homme et à la démocratie ! Le
patron qui sous-paie ses ouvriers ou retient les salaires de ces
derniers, recrute ses employés sous un critère tribal, licencie
abusivement et arbitrairement sous un critère tribal, la maîtresse
de maison qui réifie son domestique ou sa femme de ménage,
l'enseignant qui pratique la pédophilie, le chef de service qui
exerce le harcèlement moral et le harcèlement sexuel sur ses
subalternes, le père de famille ou la mère de famille, l'oncle ou
la tante, le grand-père ou la grand-mère, le frère aîné ou la
sœur aînée qui incitent, encouragent au mariage forcé,...etc., tous ces gens ne pensent
jamais qu'ils ne respectent pas les droits de l'Homme ! Il ne
leur vient à l'aider d'adopter des comportements antidémocratiques,
car pour eux, les droits de l'Homme et la Démocratie, c'est une
histoire de politique, c'est une histoire de président de la
République, c'est une histoire du gouvernement et des élus
politiques. Le citoyen n'a rien à voir avec les droits de l'Homme,
et toutes les injustices que le citoyen peut causer aux autres
citoyens ou à l’État ne sauraient relever de la Démocratie et
des droits de l'Homme. Ainsi en est-il de la gestion de l'espace
public. Dans le transport en commun, dans la voirie, un citoyen peut
importuner les autres en écoutant la musique à fond, en faisant du
bruit, parlant et rigolant très fort avec ses amis ou parfois avec
son téléphone portable. Aucun chef de trouble anormal du voisinage
ne lui sera imputé, a fortiori, un manquement aux droits de l'Homme
et à la Démocratie !
Tel
est le résultat obtenu par l'Afrique à vouloir rejeter le projet
colonial dans sa totalité. On est retourné à la case départ,
c'est-à-dire, presqu'à l'état nature où, c'est la loi du plus
fort qui s'impose au reste. On le voit bien, le désir de
s'affranchir de toute coopération avec l'ancien colonisateur n'est
pas gratifiant pour le continent noir. Et pourtant, ce désir de
s'affranchir de toute coopération avec l'ancien colonisateur, si
dommageable à l'Afrique soit-il, est nourri par la perversion
politicienne de la vraie histoire des indépendances africaines.
B)
La perversion politicienne de la vraie histoire des indépendances
des pays africains à l'origine de la revivification du système
féodal au 21ème siècle
Aujourd'hui,
en Afrique, une certaine classe politique veut démontrer à tout
prix que l'Afrique a été hostile à la colonisation, et qu'elle a
lutté puis obtenu son indépendance pour pouvoir renouer avec sa
culture ancestrale. Elle insiste sur les méfaits de la colonisation
et n'évoque jamais les bienfaits du projet colonial notamment en
matière de conquête de droits et libertés fondamentaux, dans le
domaine de l'école, la santé, la technologie...etc.
Naturellement,
en entendant ces supputations, la jeune génération qui n'a pas
connu la période avant la colonisation, ni la colonisation, encore
moins l'histoire de la décolonisation africaine se met en
ébullition. Elle veut une rupture radicale avec l'ancien
colonisateur qu'elle croit à l'origine des maux de l'Afrique,
d'après les inepties que les politiciens racontent. Il est donc
utile de rappeler succinctement à la mémoire collective, l'histoire
des indépendances des pays africains.
En
effet, les indépendances des pays africains sont récentes. Certains
témoins sont encore vivants et peuvent l'attester : la partie
francophone de l'Afrique au Sud du Sahara n'a jamais voulu
d'indépendance vis-à-vis de la France. Pour exemple, le Gabon est
même allé jusqu'à demander sa départementalisation, mais ne l'a
pas obtenu. Le seul exemple de Sékou Touré en Guinée Conakry, qui,
rappelons-le, était un jeune homme idéaliste pour son époque, ne
devrait pas occulter la volonté de la majorité des pays africains à
vouloir demeurer Français. C'est plutôt la France du Général De
Gaulle, qui, pour des motifs qui lui sont propres, a imposé
l'indépendance aux pays africains. Autrement, il n'a jamais été de
l'intention des Africains francophones de devenir indépendants vis à
vis de la France et c'est en comparant les deux types de
colonisations anglaises et françaises qu'on comprend la volonté des
Africains francophones consistant à refuser l'indépendance.
En
effet, l'Afrique Anglophone voulait effectivement devenir
indépendante car les Anglais, avec le darwinisme comme philosophie
principale ont pratiqué la colonisation d'associations, laquelle est
à l'origine de l'apartheid et de la ségrégation raciale dans leurs
colonies, avec ce que cela a induit comme conséquences.
Quant
à la colonisation assimilationniste à la Française, elle a commis
l'erreur de vouloir faire la table rase des civilisations africaines,
et d'organiser le travail forcé, mais, par rapport à la
colonisation britannique, la colonisation française d’assimilation
représentait moins un fardeau, à cause des idées humanistes
qu'elle véhiculait. C'est donc naturellement que les anciennes
colonies africaines désiraient s'en accommoder, sachant les
nombreuses servitudes du système féodal africain, avec ses nombreux
manquements aux droits de l'Homme. De ce fait, il est aisé de
comprendre qu'au Referendum de 1958, tous les pays africaines aient
voté pour le NON, à part la Guinée de Sékou Touré.
Insistons
pour dire que cette différence de stratégie coloniale entre la
France et l'Angleterre fait que jusqu'aujourd'hui, les anciennes
colonies anglaises ne sont pas en odeur de sainteté avec la Grande
Bretagne. Tandis que les anciennes colonies françaises sont toujours
proches de la France qui a véhiculé des valeurs humanistes à
portée universelle, là, où ces valeurs étaient réservées à
quelques princes et suzerains féodaux en Afrique avant la
colonisation.
Cette
précision portant que les deux types de colonisations anglais et
français est à apporter pour éviter les confusions. Ne confondons
donc rien. La colonisation française dite assimilationniste était
bien meilleure, bien plus humaine, que la colonisation d'associations
des Anglais qui a opéré une séparation entre les Blancs jugés
meilleurs et les noirs, jugés inférieurs, rendant impossible tout
rapprochement entre les colonisés anglais et les colonisateurs
anglais, jusque dans le lien matrimonial. A ce sujet, on peut bien le
remarquer ! Il y a moins de métis Afro-Européen dans une
ancienne colonie anglaise, que dans une ancienne colonie française.
Ceci
dit, nous en appelons non seulement à l'instruction des Africains,
mais encore à l'évolution de leurs mentalités. En effet, ce qui
était valable hier, ne l'est pas forcément aujourd'hui. Hier, nous
étions colonisés. Aujourd'hui, nous sommes indépendants. C'est
différent !
Or,
plusieurs Africains nés sous la colonisation ont encore gardé les
réflexes de combattants et de résistants. Pourvu qu'ils aperçoivent
un Européen et ça y est, voici le Colon. Pure fantasme !
C'est
le principal problème de plusieurs Africains aujourd'hui. N'importe
quel débat politique finit toujours par la colonisation. Tout cela
rabaisse le débat mais aussi l'Africain car, au-delà même du
subjectivisme que de tels réflexes entraîne, c'est la capacité de
l'Africain à conduire un débat intellectuel qui est remise en
question. Le manque d'objectivité dans nos débats politiques les
biaise et tue en eux la sincérité et la crédibilité.
Au
21ème siècle, une seule question est posée à l'Afrique : Après
avoir connu la Féodalité, puis la Colonisation qui nous a apporté
la République à grande échelle, au lendemain des indépendances,
quel modèle de société l'Afrique a-t-elle adopté ? Quel modèle
de société (Féodalité ou République) et quel modèle de
gouvernement (Démocratie ou Tyrannie) l'Afrique a-t-elle adoptés
depuis les indépendances ? En effet, tous les problèmes de
l'Afrique proviennent de cette question. Le colonisateur n'a
strictement rien à voir dans nos malheurs. Au contraire,
l'expérience a démontré que la présence du colonisateur rassurait
les plus petits qui sont sans défense en Afrique. Plus que le
colonisateur lui-même, c'est plutôt le projet de société du
colonisateur qui instaurait l'égalité de tous que l'Afrique n'a pas
voulue. En effet, ce projet politique colonial allait contre les
intérêts féodaux et pour cela, il fallait le combattre. Encore au
21ème siècle, il suffit d'entendre parler les Africains s'exprimer
pour se rendre compte que plusieurs sont les Africains, qui, soit
nostalgique du système féodal, soit par ignorance, laissent
entendre qu'ils préfèrent de la coopération entre l'Afrique et la
Chine plutôt que celle de l'Afrique avec l'occident, l'ancien
colonisateur. Les raisons d'une telle préférence sont double :
- raisons économiques : quelques Africains pensent que la coopération avec la Chine est plus juteuse pour l'Afrique, qu'elle est un partenariat équilibré. D'où, ils préfèrent cette coopération. Discutable, lorsqu'on voit que la Chine débarque toujours en Afrique avec sa propre main d’œuvre, ce que ne faisait pas l'ancien colonisateur qui fournissait la main l'emploi à la population locale.
- Raisons politiques : d'autres Africains par contre, soutiennent sans frémir qu'il vaut mieux coopérer avec la Chine parce que la Chine ne se mêle pas de notre politique intérieure. Elle ne fait que faire des affaires et c'est tout. Là, où l'ancien colonisateur se mêle de la politique intérieur des pays africains. Là par contre, cette affirmation fait peur.
En
effet, ce dernier point concernant une prétendue observation d'une
neutralité de la Chine en matière de politique intérieure
africaine suscite des interrogations et pourrait livrer des secrets
sur la coopération entre l'Afrique avec la Chine. En effet, ces
Africains, qui, pour des raisons politiques préfèrent collaborer
avec la Chine donnent tout simplement l'impression d'être à la
recherche de partenaires tolérants, qui fermeraient les yeux sur les
excès, les abus de certains dirigeants. En clair, ce que sous-entend
la coopération afro-chinoise au plan politique donnée pour être
des plus pacifiques, c'est que quelques Africains, véritables
nostalgiques du système féodal sont à la recherche de partenaires
internationaux qui les laisseraient installer la chienlit, via le
système féodal avec ses nombreuses servitudes et ses privilèges
octroyés de façon arbitraire, au grand mépris de la Démocratie et
des droits de l'Homme. Système féodal, où, le plus fort peut
écraser les plus faibles, où, le chef a droit de vie et de mort sur
les peuples, et, où, les grands humilient les plus petits, sans être
remis en question, en toute impunité. De ce fait, en Afrique, les
tyrans souhaiteraient-ils que l'ancien colonisateur et sa presse
jugée trop bavarde s'en aillent au plus vite ; pour qu'ils
aient enfin, les coudées franches pour tuer, assassiner et écraser
celles et ceux qu'ils pensent ne pas mériter de vivre et de
connaître le bonheur ? L'Afrique a-t-elle pour ainsi dire,
opté pour la Féodalité ; en lieu et place de la République ?
Mais alors, définitivement ?
Et
l'Afrique francophone dans tout ça ? Héritière par ricochet
de la Révolution Française, cette Afrique Francophone
laisserait-elle prospérer une telle forfaiture ? Absolument
pas. Surtout pas au 21ème siècle. L'UPACEB se porte garante.
Yéble
Martine-Blanche OGA épouse POUPIN
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