dimanche 31 janvier 2016

ENTRE FEODALITE ET REPUBLIQUE : L'AFRIQUE A LA CROISEE DES CHEMINS

ENTRE FEODALITE ET REPUBLIQUE : L'AFRIQUE A LA CROISEE DES CHEMINS
DESINTEGRATION, INTEGRATION - DECONSTRUCTION, RECONSTRUCTION
PLUS DE CENT ANS APRES LA COLONISATION,
SOIXANTE ANNEES APRES LES INDEPENDANCES,
QUEL MODELE DE SOCIETE POUR L'AFRIQUE AU SUD DU SAHARA  ?

Cela fait des décennies que les pays africains sont devenus indépendants. Des décennies qu'ils s'auto-gèrent, qu'ils élisent des filles et fils Africains à leur tête. Des décennies qu'ils nomment des gouvernements composés de fils et filles d'Afrique.
Bref, des décennies d'auto-détermination ; dirions-nous. Pourtant, le continent africain demeure toujours déstructuré. D'abord, à l'intérieur d'un même pays, les conflits connaissent une recrudescence. Ensuite, entre pays voisins, la méfiance et la suspicion n'ont jamais connu une si grande ampleur, elles sont à leur paroxysme. Tout ceci est déstabilisant pour le citoyen qui n'arrive plus à retrouver ses repères. Ce, d'autant plus que l'éternel bouc émissaire, c'est-à-dire l'esclavagiste, celui-là qui est donné pour être le plus grand diviseur commun de l'Afrique, qu'il a mélangée et déconstruite est parti d'Afrique depuis le milieu du 19ème siècle. Et, même si le soupçon de sa présence sur le continent est quasi obsessionnel, et qu'il lui est attribué sans cesse la responsabilité de tirer les ficelles dans l'ombre, de manigancer contre l'Afrique, l'esclavagiste est bel et bien parti d'Afrique. Il n'est pas là. C'est l'Africain lui-même qui est aux affaires en Afrique.
Quant au colonisateur qu'on a toujours pensé être à la base des maux de l'Afrique, depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, il a accordé l'indépendance à l'Afrique, cela veut dire qu'il n'est plus aux affaires en Afrique, même comme la paranoïa ambiante a tendance à voir son ombre partout sur le continent. C'est une réalité indéniable. Une vérité intangible. Le colon n'est plus là, il est retourné chez lui. Du coup, devant une telle réalité qui saute aux yeux, en Afrique, certains esprits comme par exemple celui de l'UPACEB commencent à devenir interrogateurs : pourquoi l'Afrique est encore désordonnée, pourquoi elle est encore en conflits, malgré l'absence du « génie saboteur et torpilleur de l'Afrique» ; « l'empêcheur de tourner en rond » en Afrique ? Autrement dit, sans le bouc émissaire éternel qu'est tantôt l'esclavagiste, tantôt le colon, - qui d'ailleurs ne sont plus en Afrique, va-t-on nous trouver enfin les vraies coupables de nos calamités ; c'est-à-dire nous donner pour finir ; des raisons rationnelles de notre sous-développement ? Ce n'est pas sûr.
En effet, le progrès n'est possible que pour celui qui accepte l'autocritique, ce que les Africains n'acceptent pas de faire. En outre, pour aller de l'avant, il est nécessaire de faire le bilan du passé, ce qui ne fait pas partie de nos talents d'Africains. Par ailleurs, avant d'opérer des choix, il faut d'abord connaître ses priorités, or, l'Afrique n'a jamais montré de priorités, ses priorités, elles les ignore. Enfin, avant de faire le vide de son patrimoine, il faut identifier ses trésors, c'est trop demander à l'Afrique qui a du mal à distinguer son trésor de son embouchure. De ce fait, le désordre qui règne sur notre continent est pleinement justifié. Sur ce continent, on n'a jamais pris le temps d'une réflexion. Tout se fait à brûle-pourpoint. Jamais les compétences pluridisciplinaires du continent n'ont été mises à contribution. Jamais, elles n'ont pris d'initiatives elles-mêmes, en organisant des assises pour réfléchir, faire des propositions concrètes aux gouvernements nationaux, ni à l'Organisation Continentale. Ainsi, sans le FMI, la Banque Mondiale, l'ONU, l'Union Européenne...etc., le continent africain n'a pas de politique générale de développement car personne n'y songe. En Afrique, on vit au jour le jour. Comme au campement. Aucune politique de prévention des fléaux n'est faite. Ni même celles concernant les conflits. On subit donc tous les sorts, d'où qu'ils viennent. En effet, en Afrique au Sud du Sahara, il faut que les périls adviennent, avant que l'on songe aux moyens de les éradiquer. Il n'y pas d'anticipation sur les événements. Les politiques de réductions des risques n'intéressent personne sur le continent. Par exemple, il faut que le feu se déclenche pour que l'on cherche à l'éteindre. Jamais, on ne fera rien pour empêcher le feu de se déclencher. Dans ce contexte, faut-il s'étonner de la résurgence des conflits et des catastrophes humanitaires ? Aucunement. Tout s'y prête. On vit sur le continent comme on vit à l'âge de pierre : chacun dans village ou dans son groupe ethnique. La vision globale du monde qui mène à des actions de grande ampleur nous échappe. Pour chaque Africain, le monde s'arrête au niveau de son village, de sa tribu, de son groupe ethnique, de sa synagogue, de son église, de sa mosquée. Son pays et son continent son secondaires. Au 21ème siècle, dans un monde globalisé, en Afrique, nous avons encore des réflexes de repli identitaire qui alimentent la dislocation sociale et augmentent la désintégration nationale et continentale. A ce stade de notre réflexion, la question tombe comme un couperet : quel modèle de société pour l'Afrique du 21ème siècle ? La Féodalité ; ou la République ? Cette question nous renvoie dans les années 1960, date des indépendances de nos pays : au lendemain des indépendances, pour quel modèle de société les pays africains ont-ils opté ? Pour la Féodalité ou pour la République ? Vue la situation qui prévaut dans nos pays respectifs et sur notre continent, seul le choix de la Féodalité peut expliquer véritablement l'état de déliquescence actuel de nos États, et de notre continent ; tandis qu'un choix éventuel de la République l'expliquerait difficilement. Autrement dit, si les pays africains avaient pris fait et cause pour la République, telle que le colonisateur l'a institué, le démocratie ne serait pas un leurre pour l'Afrique aujourd'hui, et il n'y aurait pas une telle carence en matière de droits de l'Homme sur le continent. Dans la même perspective, si les pays africains devenus indépendants avaient opté franchement pour la République, l'Afrique n'aurait pas connu un tel morcellement territorial à l'origine de la faillite des États et de la désintégration, morcellement qui rappelle tristement le système féodal. En clair, si les pays africains avaient choisi la République, l'on aurait des États forts, avec des institutions fortes et crédibles, plutôt que des hommes forts à la tête d’États faillis. Apparemment donc, officiellement, les pays africains ont choisi la République à l'occasion de leurs indépendances. Mais, dans les faits, prévaut la Féodalité, d'où, la désintégration des pays et du continent. Et si tel est le cas, c'est bien parce qu'au lendemain de leurs indépendances, les pays Africains ne se sont pas concentrés sur l'essentiel qui est la construction de leur destinée commune (I) et ils ont manqué de vision politique à cause de leur dépaysement né du passage des sociétés microéconomiques à des sociétés macroéconomiques (II).
    1. UNE DECONSTRUCTION NATIONALE ET CONTINENTALE IMPUTABLE A UN MANQUE DE CONCENTRATION SUR L'ESSENTIEL
Depuis les indépendances, les pays africains sont dissipés (A), se préoccupant peu de bâtir l'unité culturelle au niveau national et continental et privilégiant le développement économique (B)

A) Des pays africains dissipés et détournés de l'essentiel : la construction de leur destinée commune

Normalement, après une série d'épreuves, chacun a besoin de marquer une pause, pour tirer les leçons du passé, entamer une amorcer au retour à la vie sociale de façon progressive, en procédant par petits pas, par petites touches avant d'en arriver aux actions robustes. Ainsi en est-il d'un patient
qui vient de traverser une longue maladie. En convalescence, il ne consomme pas des mets copieux et lourds. Au contraire, il a besoin d'abord d'eau pour se réhydrater, puis de repas légers comme par exemple de la soupe, pour se nourrir, pendant quelques temps, avant d'en arriver à des plats plus lourds. Tel aurait dû être l'attitude des pays africains au sortir de l'esclavage, puis de la colonisation. Ils avaient le devoir de procéder étape par étape,  en posant des fondements de consolidation sociale. En l'espèce, la priorité devait être accordée à l'éducation des populations. A ce sujet, la politique de coopération mise en place dans les anciennes colonies françaises était la plus appropriée. Cette politique de coopération consistait à transférer les compétences intellectuelles des pays du nord, vers les pays du sud pour booster l'éducation dans les anciennes colonies. On peut l'affirmer sans ambages, la politique de coopération était sans nul doute, la meilleure politique, jusqu'ici, entreprise par les pays africains. En effet, après les indépendances, les pays africains n'avaient que trois politiques à privilégier  et en ordre :
  • primo, l’Éducation,
  • secundo, la Santé,
  • tertio, le développement des routes.
Et c'était très suffisant pour un nouveau départ.
  • L’Éducation pour une cohésion sociale et une fortification des population.
  • La Santé pour réduire les fragilités, les vulnérabilités, promouvoir l'hygiène, protéger les populations.
  • Les Routes pour relier tous les peuples à un niveau national et à un niveau continental.
    En effet, en langue française, l'autre nom de la « Route », c'est « la voie de communication ». Cela veut dire beaucoup de choses ; car communiquer, c'est finir par se connaître, s'entendre, collaborer, s'unir, et finalement éviter des conflits ! Le développement des routes dans les pays africains et sur le continent africain aurait facilité les contacts humains entre divers peuples, et en l'espèce, beaucoup de conflits interethniques auraient été réduits en Afrique, en ce début du 21ème siècle.
Mais, plutôt que de procéder pas à pas, après l'esclavage puis la colonisation qui l'ont secouée, l'Afrique a fait tout le contraire en entamant une véritable course effrénée derrière l’Économie. Toutes les politiques qui ont le plus séduit l'Afrique et ses pays étaient les politiques économiques, plus précisément le développement des «éléphants blancs». L'Afrique a ainsi choisi d'investir dans la pierre, plutôt que dans l'éducation, la santé, et les routes.
Par conséquent, depuis les indépendance, le développement des pays africains est toujours rattaché à l'économie, de sorte que l'on pense que seul le développement économique enverra le développement et la paix sur le continent. Toutes les politiques nationales en Afrique sont économiques. Jamais de politiques culturelles. Même en matière de politique internationale, seule l'économie est au centre. Ainsi, l'Afrique a bénéficié de la Dette, des Plans d'Ajustement Structurels (PAS) consistant à démanteler tout le service public, surtout en matière d'éducation et de santé, c'est-à-dire, tout ce qui allait contribuer à renforcer la cohésion sociale et les institutions politiques.
Depuis, la Dette et les PAS sont passés. Place maintenant à la Mondialisation. Toujours autour de l'économie et des finances.
Bref, après les indépendances, toutes les politiques du continent africain tournent autour de l'économie. Au plan international, à part les politiques de coopération qui ont privilégié le transfert de compétences des pays du nord vers les pays du sud pour promouvoir l'éducation, ce qui a eu un impact social et culturel qualitatif, pour le reste, l'Afrique n'a que privilégié les politiques économiques. Et voilà comment l'unité culturelle des pays et celle du continent n'ont pas été au cœur de leurs préoccupation.

B) Une unité culturelle écartée des préoccupations nationales et continentales au profit du développement économique

Entre intégration économique et intégration culturelle, l'Afrique était à la croisée des chemins, elle devait suivre son rythme, en commençant par le développement culturel qui allait l'unifier.
Au plan national comme au plan continental, la culture n'a pas été considérée comme un déterminant du développement économique et humain. Et voilà comment le continent compte encore de nombreux analphabètes. Aucune politique d'unification des peuples par la culture n'a été entreprise. Il résulte que les discordes sont en nette augmentation entre tribus, entre ethnies, entre religions...etc. Au plan continentale, il y a eu l'OUA, et maintenant l'UA. Mais, ces organisations n'ont pas initié de réelles réflexions scientifiques autour des questions d'intégration par la culture et par les civilisations au lendemain des indépendances.C'est un choix politique délibéré qui ne peut être nullement imputé au colonisateur. En effet, voici ce que dit le Préambule de la Constitution Française de 1946 en son article 17 : «L'Union française est composée de nations et de peuples qui mettent en commun ou coordonnent leurs ressources et leurs efforts pour développer leurs civilisations respectives, accroître leur bien-être et assurer leur sécurité.»
Les pays africains, du moins les anciennes colonies françaises étaient donc libres de développer leurs cultures et leurs civilisations, conditions sine qua non de leur intégration nationale et continentale, aussi bien avant, qu'après leurs indépendances. Au contraire, en lieu et place du rapprochement entre les pays, chaque État a gardé sa souveraineté et toutes les politiques mises en œuvre jusqu'aujourd'hui, visent à rigidifier les frontières pour que le chef d’État africain soit « prince en son royaume » avec des pouvoirs exclusifs concentrés dans ses mains à la manière du seigneur féodal qui régnait sans partage. Pour finir, la déconstruction du continent s'est aggravée aujourd'hui parce que les pays et par-delà le continent n'ont jamais eu de vision politique. Et voilà comment l'essentiel de ce qui pouvait forger pour les Africains, une destinée commune a été éludée. En effet, sans éducation, comment les Africains allaient apprendre à cohabiter sans se combattre, et s'accepter comme tels, en se regardant comme des amis, des frères ? En un mot comme en mille, au sortir de la colonisation, l'Afrique n'avait qu'un devoir : celui d'enseigner à ses filles et filles, le sentiment d'appartenance à une même communauté nationale et et une même communauté continentale, contrainte de vivre ensemble.Pour avoir failli à ce devoir et pour avoir été distraite par les politiques économiques, l'Afrique se paie des guerres sordides et complètement insensées au 21ème siècle, où, les batailles de chiffonniers paraissent archaïques et rétrogrades. Au sortir de la colonisation, l'Afrique a péché par manque de vision politique c'est le cas de le dire. Mais surtout, les Africains n'ont pas pu s'adapter politiques applicables aux sociétés de masse.

  1. UN DEPHASAGE NE DU PASSAGE DES SOCIETES MICROENOMIQUES AUX SOCIETES MACROECONOMIQUES
Au sortir de la colonisation, l'Afrique a fait preuve de manque vision politique par la tentative du rejet abrupt du projet colonial car elle n'a pas compris la dimension du concept de l’État-nation (A) et elle s'est laissée piégée par la perversion politicienne de la vraie histoire des indépendances africaines (B)

A) Un manque de vision politique généré par la tentative de rejet abrupt du projet colonial et la méconnaissance du concept de l’État-nation

Au sortir de la colonisation, l'Afrique ne s'est pas fixé d'objectifs majeurs de cohésion sociale de ses peuples à atteindre, ni à un niveau national, ni à un niveau continental.
Pour étayer notre propos, nous allons procéder par étapes, en donnant des exemples pratiques. D'abord la Démocratie, l'Afrique la connaissait sous l'arbre à palabres, au niveau local, dans les villages et tribus, c'est-à-dire à petite échelle. C'est la colonisation qui l'a promue à grande échelle, à un niveau national, voire continental et l'a importé en Afrique, dans son projet colonial. Écarter ce projet colonial en bloc, c'était courir le risque de la rupture démocratique à grande échelle, et retomber dans la féodalité. Le piège était là, l'Afrique l'a mordu.
Ensuite, l'Afrique connaissait la notion de République, c'est-à-dire la notion de chose publique, avant la colonisation, dans ses campements et villages où, le bien public ne se confondait pas avec le bien privé. Là aussi, c'était à un niveau microéconomique vu que tout se passait à un niveau villageois et tribal. Mais à l'échelle macroéconomique, c'est-à-dire à un niveau national, voire continental, c'est le projet colonial qui l'a introduite en Afrique moderne. Rejeter le projet colonial, c'était rejeter la République pour retourner dans la Féodalité. Le piège était là, l'Afrique y est rentrée. Et puis, les droits de l'Homme. En grande partie, les Africains connaissaient bien ce concept, même partiellement. Ils les vivaient, les vivent encore à l'échelle locale, entre personnes de même tribu et de même religion. Mais, c'étaient des droits en général réservés aux seuls membres du groupe, jamais étendus aux étrangers d'où, ils sont des privilèges, et non des droits. Le projet colonial est venu les étendre à grande échelle, à un niveau national, puis continental pour leur donner une ampleur universelle. Tourner le dos au projet colonial, c'est absolument abandonner les droits de l'homme pour nos privilèges. Le filet était tendu à l'Afrique. Elle y a été prise.
En outre, le code électoral. L'Afrique traditionnel avait des modes désignations de ses chefs et de ses missionnés. Mais là aussi, c'était à un niveau réduit, à l'échelon local. Avec le projet colonial, une dimension universelle permettait à l'Afrique d'étendre ses modes de désignations des représentants du peuple à l'échelle nationale, continentale, voire mondiale. Rejeter le projet colonial signifiait un retour en arrière, dans les sociétés traditionnelles. L'appât était tendu à l'Afrique. Elle y a mordu.
Enfin, si on veut voir de près, le problème de l'Afrique réside essentiellement dans son inadaptation psycho-culturelle aux sociétés de masse. En effet, l'Afrique connaissait la famille, le clan, le campement, le village et la tribu. Le projet colonial lui a fait découvrir la société de masse. Refuser le projet colonial, c'était le retour au village, à la campagne, à la tribu, et plus tard, à la synagogue, à l'église, à la mosquée, bref, dans son petit coin. Le piège était là. L'Afrique y est tombée.
La liste des pièges dressées sur le chemin de l'Afrique au sortir de la colonisation est longue.
Au fond, un manque de vision politique au lendemain des indépendances a empêché l'Afrique de se projeter dans le futur comme continent devant compter parmi les autres grandes nations. Il était plus confortable pour l'Afrique de renouer avec son passé féodal, que d'envisager un renouveau culturel fondé sur ses propres principes bien, et sur les principes bien du projet colonial.
En effet, le projet colonial abolissait les privilèges et prescrivait les seuls droits de l'homme. Cela n'était pas du goût des princes locaux. Ce sont eux qui ont torpillé le projet colonial sous le couvert d'un souverainisme débridé, pour préserver leurs acquis. Il résulte qu'aujourd'hui, en Afrique, une grande confusion règne autour de la mise en œuvre des droits et libertés fondamentaux qui consacre toute démocratie vraie. Du coup, en Afrique, lorsqu'on parle de droits de l'Homme et de Démocratie, chacun pense que cela ne concerne que le président de la République, le chef de l’État et son gouvernement. Le citoyen africain lambda ne pense pas être un acteur de la Démocratie et des droits de l'Homme. Par exemple, on trouve en Afrique, des hommes qui au nom de la primogéniture, ont hérité tous les biens fonciers et immobiliers de leur père défunt, expropriant de facto le reste de la fratrie. Ce type de spoliateurs, en droit positif, on les considère comme coupable de manquements graves au droit de priorité, un droit humain fondamental. Mais en Afrique, rien ne leur est reproché, au contraire, on pense qu'ils sont dans le droit. Ces mêmes individus s'engageront en politique, dans l'opposition, attaqueront le chef de l’État et le gouvernement de bafouer les droits de l'Homme ! Alors qu'en matière de droits de l'Homme, eux qui ont exproprié leurs frères et sœurs ne sont pas un exemple de probité ! Le même phénomène s'observe chez des hommes qui après plusieurs années de mariage, répudient leur épouse sans lui laisser le moindre sou, le moindre bien ! De tels époux ayant manqué aux droits les plus fondamentaux de l'homme, ce sont eux qu'on verra en train de crier au chef de l’État qui ne respecte pas les droits de l'Homme !
Dans les villages, plusieurs citoyens se permettent de lyncher et torturer à mort d'autres citoyens sous prétexte que ces derniers sont des sorciers. Curieusement, ce sont ces tortionnaires qu'on retrouvera dans les Partis Politiques d'opposition en train de rapprocher au Chef de l’État et au gouvernement des manquements des droits de l'Homme et à la démocratie ! Le patron qui sous-paie ses ouvriers ou retient les salaires de ces derniers, recrute ses employés sous un critère tribal, licencie abusivement et arbitrairement sous un critère tribal, la maîtresse de maison qui réifie son domestique ou sa femme de ménage, l'enseignant qui pratique la pédophilie, le chef de service qui exerce le harcèlement moral et le harcèlement sexuel sur ses subalternes, le père de famille ou la mère de famille, l'oncle ou la tante, le grand-père ou la grand-mère, le frère aîné ou la sœur aînée qui incitent, encouragent au mariage forcé,...etc., tous ces gens ne pensent jamais qu'ils ne respectent pas les droits de l'Homme ! Il ne leur vient à l'aider d'adopter des comportements antidémocratiques, car pour eux, les droits de l'Homme et la Démocratie, c'est une histoire de politique, c'est une histoire de président de la République, c'est une histoire du gouvernement et des élus politiques. Le citoyen n'a rien à voir avec les droits de l'Homme, et toutes les injustices que le citoyen peut causer aux autres citoyens ou à l’État ne sauraient relever de la Démocratie et des droits de l'Homme. Ainsi en est-il de la gestion de l'espace public. Dans le transport en commun, dans la voirie, un citoyen peut importuner les autres en écoutant la musique à fond, en faisant du bruit, parlant et rigolant très fort avec ses amis ou parfois avec son téléphone portable. Aucun chef de trouble anormal du voisinage ne lui sera imputé, a fortiori, un manquement aux droits de l'Homme et à la Démocratie !
Tel est le résultat obtenu par l'Afrique à vouloir rejeter le projet colonial dans sa totalité. On est retourné à la case départ, c'est-à-dire, presqu'à l'état nature où, c'est la loi du plus fort qui s'impose au reste. On le voit bien, le désir de s'affranchir de toute coopération avec l'ancien colonisateur n'est pas gratifiant pour le continent noir. Et pourtant, ce désir de s'affranchir de toute coopération avec l'ancien colonisateur, si dommageable à l'Afrique soit-il, est nourri par la perversion politicienne de la vraie histoire des indépendances africaines.

B) La perversion politicienne de la vraie histoire des indépendances des pays africains à l'origine de la revivification du système féodal au 21ème siècle

Aujourd'hui, en Afrique, une certaine classe politique veut démontrer à tout prix que l'Afrique a été hostile à la colonisation, et qu'elle a lutté puis obtenu son indépendance pour pouvoir renouer avec sa culture ancestrale. Elle insiste sur les méfaits de la colonisation et n'évoque jamais les bienfaits du projet colonial notamment en matière de conquête de droits et libertés fondamentaux, dans le domaine de l'école, la santé, la technologie...etc.
Naturellement, en entendant ces supputations, la jeune génération qui n'a pas connu la période avant la colonisation, ni la colonisation, encore moins l'histoire de la décolonisation africaine se met en ébullition. Elle veut une rupture radicale avec l'ancien colonisateur qu'elle croit à l'origine des maux de l'Afrique, d'après les inepties que les politiciens racontent. Il est donc utile de rappeler succinctement à la mémoire collective, l'histoire des indépendances des pays africains.
En effet, les indépendances des pays africains sont récentes. Certains témoins sont encore vivants et peuvent l'attester : la partie francophone de l'Afrique au Sud du Sahara n'a jamais voulu d'indépendance vis-à-vis de la France. Pour exemple, le Gabon est même allé jusqu'à demander sa départementalisation, mais ne l'a pas obtenu. Le seul exemple de Sékou Touré en Guinée Conakry, qui, rappelons-le, était un jeune homme idéaliste pour son époque, ne devrait pas occulter la volonté de la majorité des pays africains à vouloir demeurer Français. C'est plutôt la France du Général De Gaulle, qui, pour des motifs qui lui sont propres, a imposé l'indépendance aux pays africains. Autrement, il n'a jamais été de l'intention des Africains francophones de devenir indépendants vis à vis de la France et c'est en comparant les deux types de colonisations anglaises et françaises qu'on comprend la volonté des Africains francophones consistant à refuser l'indépendance.
En effet, l'Afrique Anglophone voulait effectivement devenir indépendante car les Anglais, avec le darwinisme comme philosophie principale ont pratiqué la colonisation d'associations, laquelle est à l'origine de l'apartheid et de la ségrégation raciale dans leurs colonies, avec ce que cela a induit comme conséquences.
Quant à la colonisation assimilationniste à la Française, elle a commis l'erreur de vouloir faire la table rase des civilisations africaines, et d'organiser le travail forcé, mais, par rapport à la colonisation britannique, la colonisation française d’assimilation représentait moins un fardeau, à cause des idées humanistes qu'elle véhiculait. C'est donc naturellement que les anciennes colonies africaines désiraient s'en accommoder, sachant les nombreuses servitudes du système féodal africain, avec ses nombreux manquements aux droits de l'Homme. De ce fait, il est aisé de comprendre qu'au Referendum de 1958, tous les pays africaines aient voté pour le NON, à part la Guinée de Sékou Touré.
Insistons pour dire que cette différence de stratégie coloniale entre la France et l'Angleterre fait que jusqu'aujourd'hui, les anciennes colonies anglaises ne sont pas en odeur de sainteté avec la Grande Bretagne. Tandis que les anciennes colonies françaises sont toujours proches de la France qui a véhiculé des valeurs humanistes à portée universelle, là, où ces valeurs étaient réservées à quelques princes et suzerains féodaux en Afrique avant la colonisation.
Cette précision portant que les deux types de colonisations anglais et français est à apporter pour éviter les confusions. Ne confondons donc rien. La colonisation française dite assimilationniste était bien meilleure, bien plus humaine, que la colonisation d'associations des Anglais qui a opéré une séparation entre les Blancs jugés meilleurs et les noirs, jugés inférieurs, rendant impossible tout rapprochement entre les colonisés anglais et les colonisateurs anglais, jusque dans le lien matrimonial. A ce sujet, on peut bien le remarquer ! Il y a moins de métis Afro-Européen dans une ancienne colonie anglaise, que dans une ancienne colonie française.
Ceci dit, nous en appelons non seulement à l'instruction des Africains, mais encore à l'évolution de leurs mentalités. En effet, ce qui était valable hier, ne l'est pas forcément aujourd'hui. Hier, nous étions colonisés. Aujourd'hui, nous sommes indépendants. C'est différent !
Or, plusieurs Africains nés sous la colonisation ont encore gardé les réflexes de combattants et de résistants. Pourvu qu'ils aperçoivent un Européen et ça y est, voici le Colon. Pure fantasme !
C'est le principal problème de plusieurs Africains aujourd'hui. N'importe quel débat politique finit toujours par la colonisation. Tout cela rabaisse le débat mais aussi l'Africain car, au-delà même du subjectivisme que de tels réflexes entraîne, c'est la capacité de l'Africain à conduire un débat intellectuel qui est remise en question. Le manque d'objectivité dans nos débats politiques les biaise et tue en eux la sincérité et la crédibilité.
Au 21ème siècle, une seule question est posée à l'Afrique : Après avoir connu la Féodalité, puis la Colonisation qui nous a apporté la République à grande échelle, au lendemain des indépendances, quel modèle de société l'Afrique a-t-elle adopté ? Quel modèle de société (Féodalité ou République) et quel modèle de gouvernement (Démocratie ou Tyrannie) l'Afrique a-t-elle adoptés depuis les indépendances ? En effet, tous les problèmes de l'Afrique proviennent de cette question. Le colonisateur n'a strictement rien à voir dans nos malheurs. Au contraire, l'expérience a démontré que la présence du colonisateur rassurait les plus petits qui sont sans défense en Afrique. Plus que le colonisateur lui-même, c'est plutôt le projet de société du colonisateur qui instaurait l'égalité de tous que l'Afrique n'a pas voulue. En effet, ce projet politique colonial allait contre les intérêts féodaux et pour cela, il fallait le combattre. Encore au 21ème siècle, il suffit d'entendre parler les Africains s'exprimer pour se rendre compte que plusieurs sont les Africains, qui, soit nostalgique du système féodal, soit par ignorance, laissent entendre qu'ils préfèrent de la coopération entre l'Afrique et la Chine plutôt que celle de l'Afrique avec l'occident, l'ancien colonisateur. Les raisons d'une telle préférence sont double :
  1. raisons économiques : quelques Africains pensent que la coopération avec la Chine est plus juteuse pour l'Afrique, qu'elle est un partenariat équilibré. D'où, ils préfèrent cette coopération. Discutable, lorsqu'on voit que la Chine débarque toujours en Afrique avec sa propre main d’œuvre, ce que ne faisait pas l'ancien colonisateur qui fournissait la main l'emploi à la population locale.
  2. Raisons politiques : d'autres Africains par contre, soutiennent sans frémir qu'il vaut mieux coopérer avec la Chine parce que la Chine ne se mêle pas de notre politique intérieure. Elle ne fait que faire des affaires et c'est tout. Là, où l'ancien colonisateur se mêle de la politique intérieur des pays africains. Là par contre, cette affirmation fait peur.
En effet, ce dernier point concernant une prétendue observation d'une neutralité de la Chine en matière de politique intérieure africaine suscite des interrogations et pourrait livrer des secrets sur la coopération entre l'Afrique avec la Chine. En effet, ces Africains, qui, pour des raisons politiques préfèrent collaborer avec la Chine donnent tout simplement l'impression d'être à la recherche de partenaires tolérants, qui fermeraient les yeux sur les excès, les abus de certains dirigeants. En clair, ce que sous-entend la coopération afro-chinoise au plan politique donnée pour être des plus pacifiques, c'est que quelques Africains, véritables nostalgiques du système féodal sont à la recherche de partenaires internationaux qui les laisseraient installer la chienlit, via le système féodal avec ses nombreuses servitudes et ses privilèges octroyés de façon arbitraire, au grand mépris de la Démocratie et des droits de l'Homme. Système féodal, où, le plus fort peut écraser les plus faibles, où, le chef a droit de vie et de mort sur les peuples, et, où, les grands humilient les plus petits, sans être remis en question, en toute impunité. De ce fait, en Afrique, les tyrans souhaiteraient-ils que l'ancien colonisateur et sa presse jugée trop bavarde s'en aillent au plus vite ; pour qu'ils aient enfin, les coudées franches pour tuer, assassiner et écraser celles et ceux qu'ils pensent ne pas mériter de vivre et de connaître le bonheur ? L'Afrique a-t-elle pour ainsi dire, opté pour la Féodalité ; en lieu et place de la République ? Mais alors, définitivement ?
Et l'Afrique francophone dans tout ça ? Héritière par ricochet de la Révolution Française, cette Afrique Francophone laisserait-elle prospérer une telle forfaiture ? Absolument pas. Surtout pas au 21ème siècle. L'UPACEB se porte garante.


Yéble Martine-Blanche OGA épouse POUPIN



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